50 jours pour vivre le temps pascal

L'équerre et la folie

Auteur: Myriam Tonus
Date: Vendredi 9 avril
Référence: Ps 117,22

 

La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle.

Il suffit de regarder un tout-petit pour s'en convaincre : l'être humain est un constructeur dans l'âme ! Entasser l'un sur l'autre des blocs ou des objets, jusqu'à ce que l'édifice ne tienne que par une sorte d'équilibre aussi fragile que miraculeux : n'est-ce pas la matrice de construction de nos vies ? À tout le moins, dit-on à l'enfant, il faut que le sol soit stable et les briques, bien d'équerre. Pas de risque inutile et surtout, miser sur des valeurs sûres ! On ne fonde pas une vie sur des chimères… Sans doute est-ce bien ce que se sont dit les disciples de Jésus après sa mort. Ils avaient cru que le grand soir allait arriver et que la folie qu'ils avaient faite de laisser là leurs filets pour le suivre serait payée de postes triomphaux, sinon dans ce monde-ci, du moins dans celui de Dieu ! Et puis, où irait le monde si l'on devait croire, c'est-à-dire se fier à celles et ceux qui ne paient pas de mine, qui demeurent étrangers à tout pouvoir, qui n'ont qu'un seul désir : celui de faire advenir un monde autre ? Autant choisir un sol de guingois pour bâtir une bonne maison ! Sagesse des hommes, folie de Dieu… On n'en finit jamais d'être converti, c'est-à-dire bouleversé par cette puissance de la douceur qui est aussi bien force d'accouchement. Oser (se) construire sur la fragilité, l'intranquillité, l'humilité, faire de l'agapè son équerre : C'est l'impensable. C'est la seule vie qui vaille.

Lees de meditatie van de dag in het nederlands : Raak me aan


Crédit photo : iStock/Bogdanhoda

0
Shares