Patrick Gillard
Ceux qui ont reçu l'Esprit
Chapitre 5
Pour bien comprendre le chapitre 6 de la lettre aux Galates, il peut être utile de revenir aux deux derniers versets du chapitre précédent (Ga 5, 25-26) : « Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse aussi agir. Ne cherchons pas la vaine gloire en nous provoquant [1] les uns les autres, en nous enviant mutuellement ».
Dans le chapitre 6, Paul s’adresse comme un frère à d’autres frères dans le Christ. Il « connaît » ses églises et ses hommes. Il les invite à être des « spirituels » (v.1), ceux qui ont reçu l’Esprit et qui en vivent.
Certainement fait-il face à l’intérieur des églises à quelque vanité, même sur les plans moral et spirituel, aux querelles intestines et autres dénigrements propres aux relations internes de tout groupe humain, de tout groupe chrétien. Certains se perçoivent ainsi meilleurs que d’autres ou plus respectueux et en ordre que d’autres…
Sa proposition est simple : bien comprendre la Loi inscrite par Dieu au fond de l’âme de chaque être humain, la Loi du Christ, la Loi de l’amour, là où la suffisance et le dédain n’ont plus de place. Il appelle chacun et chacune à vivre de cette Loi du Christ en Vérité : pas une once d’hypocrisie et de méchanceté n’entrera au paradis.
De sorte que cette conclusion s’impose à lui et aux chrétiens de Galatie : soutenir les frères, se supporter mutuellement, et de bon cœur : « Frères, même dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté » (v.1). Chacun est renvoyé à soi-même par Paul en terme de faute ou d’errement par rapport à la Loi, et en même temps aux autres et au Christ, de manière ajustée : « Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la Loi du Christ » (v.2).
Que le souhait de saint Paul aux « spirituels » galates s’inscrive dans chaque esprit chrétien d’aujourd’hui.
[1] Le verbe grec « prokaléomai » est ici un hapax dans le langage paulinien et même dans le Nouveau Testament.
Patrick Gillard
Bruxelles