Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’oeuvre de Dieu. Jadis, quand vous ne connaissiez pas Dieu, vous étiez esclaves de ces dieux qui, en réalité, n’en sont pas. Mais maintenant que vous avez connu Dieu – ou plutôt que vous avez été connus par lui – comment pouvez-vous de nouveau vous tourner vers ces forces inconsistantes et misérables, dont vous voulez de nouveau être esclaves comme autrefois ? Vous vous pliez à des règles concernant les jours, les mois, les temps, les années ! J’ai bien peur de m’être donné, en vain, de la peine pour vous.
Ga 4, 6-11
Pierre-Paul Boulanger
20-50
Dans ce passage, Paul nous rappelle que nous sommes fils de Dieu. Quoi de plus invraisemblable que de se dire que nous sommes fils de Dieu ! Cependant, comme dans toute filiation, il y a des étapes.
Ceux qui sont devenus parent se rappellent peut-être. Lorsqu’il est à l’image de l’amour de Dieu, ce bonheur suit des étapes. Au début, on a une image de l’enfant à naître. C’est une projection de notre imagination personnelle. Ensuite, la mère d’abord, le père ensuite, le sent bouger. Mais aucune relation à proprement parler n’est encore possible. L’enfant reste « confiné » dans la matrice.
À la naissance, il en est tout autrement : les parents nomment leur enfant, lui parlent comme « fils ». Ils le reconnaissent comme tel. C’est même coulé en encre indélébile dans les registres de naissance : il y a reconnaissance légale de cette filiation, établissement de la relation entre les parents et leur enfant. C’est un peu ce que dit Paul lorsqu’il dit que Dieu nous a connus le premier. Cette reconnaissance de l’enfant comme fils est indéfectible, indissoluble. Il en est de même de l’amour des parents pour leur enfant.
Au cours de l’enfance, après avoir entendu et ressenti cet amour, arrive le moment où l’enfant dit « Abba » - ou « Mama ». Dans le langage, par la parole, s’inscrit cette filiation, avec tout ce qu’elle signifie. Confiance réciproque, liberté donnée et reçue. Et c’est l’amour donné sans cesse et sans compter qui permet à l’enfant de recevoir cet amour en héritage, somme toute. C’est ce que veut dire Paul lorsqu’il dit que nous avons reçu l’Esprit – l’Amour du Christ – qui nous fait dire « Abba ».
Dieu a voulu nous connaître. Le premier, il nous a donné son amour, paternel. Le premier, il nous a appelé « fils ». Et il nous offre librement de l’appeler « Papa ».
Pierre-Paul Boulanger
Liège