Vous avez entendu parler du comportement que j’avais autrefois dans le judaïsme : je menais une persécution effrénée contre l’Église de Dieu, et je cherchais à la détruire. J’allais plus loin dans le judaïsme que la plupart de mes frères de race qui avaient mon âge, et, plus que les autres, je défendais avec une ardeur jalouse les traditions de mes pères. Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère ; dans sa grâce, il m’a appelé ; et il a trouvé bon de révéler en moi son Fils, pour que je l’annonce parmi les nations païennes.
Ga 1,13-16a
Marianne Goffoël
4-50
Les catéchistes de jadis –et peut-être encore d’aujourd’hui- ne manquaient pas d’imagination pour essayer de nous faire comprendre ce soudain retournement de Paul sur le chemin de Damas, auquel il fait allusion dans le passage de sa lettre aux Galates. Il était tellement bouleversé qu’il tomba de son cheval ! Les peintres, à partir du 12ème siècle se placèrent aussi dans ce sillage pour représenter cette conversion fulgurante…. Le récit rapporté au sujet de Saül —c’était son nom « avant »— nous le relate ainsi. « Une lumière venant du ciel l’enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre » (Ac 9).
L’image avancée par les catéchistes de jadis parle d’elle-même. L’explication ne réside pas, bien sûr, dans une chute physique, mais bien dans une chute toute spirituelle, toute intérieure. Tomber de son cheval, c’est tomber de haut ! Il n’y avait que les grands seigneurs qui se hissaient sur de telles montures… Saül est donc terrassé dans son orgueil et tombe de très haut grâce à cette lumière qui l’enveloppe de sa clarté, de cette rencontre personnelle avec Dieu.
Il tombe de ses certitudes – qui volent en éclats. Lui, qui avait à cœur d’accomplir les traditions de ses pères en persécutant l’Eglise de Dieu, tombe dans l’humilité qui fait la grandeur de Dieu. Il entre dans une relation d’un autre ordre. Il passe du combat contre les autres, au combat contre lui-même. Il passe de la mort à la vie, il se relève, tout comme le Christ. Saül était le nom d’un roi… Il s’appellera bientôt « Paul », qui signifie « petit, humble, faible » lorsqu’il commencera sa nouvelle mission. Nous sommes tous appelés à passer par cette expérience, un jour ou l’autre… Et cette expérience, fût-elle tonitruante ou silencieuse, sera à jamais un moment fondateur, qui nous poussera désormais —irrésistiblement— à annoncer l’Évangile du Christ autour de nous.
Marianne Goffoël
Bruxelles
Alle wegen leiden naar... Damascus